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(Santa cruz de Tenerife / Sao Vicente (Cap vert)) départ : 30/10/2005 arrivée : 06/11/20057 j Photos de l'étape 5 : durée du séjour :9 j
Navigation (Santa cruz de Tenerife / Sao Vicente (Iles du Cap vert)) : 1046 miles en 171 heures
Un vent faible de Nord Est remplace le vent du Sud qui soufflait depuis plusieurs jours et nous permet de partir comme prévu. Après quelques miles, nous sortons de l'abris des îles et trouvons tout de suite les alisés de Nord Est. Pendant les 7 jours du trajet, ils ne nous quittent plus et nous propulsent à plus de 6 Kt (11 km/h) de moyenne ce qui nous permet de gagner une journée sur la durée prévue du trajet et de nous retrouver complètement en phase avec le planning prévisionnel du voyage pour l'arrivée aux îles du cap vert.
Faune et flore : Sur ce trajet, aux alentours du 20 eme parallèle, nous rencontrons un nouveau type d'organisme luminescent que nous appelons (faute de mieux) les méduses flashs retards. Ce que l'on voit la nuit a en effet la taille d'une méduse (mais il n'est pas du tout sûr que cela en soit une car nous n'avons jamais rien vu de jour) et émet des flashs lumineux très violents à plusieurs mètres derrière le bateau. Suivant la profondeur à laquelle elles sont, ce sont soit des flashs très lumineux d'une dizaine de centimètres de diamètre soit des flashs plus "dilués" allant jusqu'à un mètre de diamètre. Par moment, c'est un véritable feu d'artifice qui a lieu entre la poupe du bateau et une vingtaine de mètre en arrière. Il y en a aussi parfois un peu sur les cotés. Tous ces flashs sont blancs (si quelqu'un connaît un procédé pour en teindre certains en bleu ou en rouge, cela pourrait être très utile pour le 14 juillet).
Nous rencontrons aussi de nombreux poissons volants qui n'atterrissent malheureusement pas sur le bateau.
Arrivée au port de Mindelo, île de Sao Vicente (16° 53,138 N, 24° 59,485 W)
Les alisés, canalisés entre les îles de Santo Antao et Sao Vicente soufflent à plus de 30 Kt quand nous sommes en approche du port de Mindelo et que nous entrons dans la baie. Le paysage est splendide, montagneux avec une végétation de type Sahélienne et une ville de style Africain avec des constructions très colorées.
Il n'y a pas de ponton au port et il faut mouiller dans la baie à 100 mètres du rivage. Dès l'arrivée, des locaux viennent nous accueillir pour nous proposer des services : indication d'une bonne place de mouillage, garde de l'annexe et du bateau quand nous serons à terre, prise des poubelles accumulées durant le voyage, apport d'eau et de gasoil au bateau, visite guidée de la ville avec indications des bâtiments de la douane et de l'immigration, des endroits où on peut se connecter à Internet, du change (nous sommes sortis de la zone Euro) et où on peut prendre une douche..... La conversation se fait en Français car ces personnes sont habituées aux touristes, mais la principale langue parlée ici est le Portugais car ces îles en étaient une possession jusqu'en 1975.
Nous sommes dimanche 6/11, après midi et nous allons à terre pour changer un peu d'argent, repérer les lieux et prendre une douche. Pour celle-ci, on nous emmène au club nautique où, à l'arrière du bâtiment, il y a un local aménagé pour cet usage. Sur la porte un écriteau en 4 langues explique que l'eau est rare sur l'île et qu'il faut l'économiser. Un autre indique en gros caractère qu'il n'y a plus d'eau !(y en a -t-il ou pas ?). Coté hommes, le local fait 10 mètres de long , 5 de large et 6 mètres de haut. Dans un coin, deux "box" ont été aménagés en douche. L'un est plein de fûts de 200 litres, l'autre est vide avec juste un robinet et un tuyau qui arrive du plafond. A l'ouverture du robinet, un filet d'eau froide sort du tuyau et tombe au sol. Après une semaine en mer, c'est le bonheur et je me mets dessous avec plaisir. Un petit garçon tout noir, de 2 ou 3 ans, que j'avais vu précédemment dans le couloir, entre dans la douche, me sourit, s'assied, m'observe un moment pendant que je me lave (l'anatomie des blanc ressemble-t-elle à celle des noirs ?) et ressort sans rien dire. C'est l'Afrique telle que je la connais et que je l'aime.......
Les îles du Cap Vert
Cet Archipel, indépendant depuis 1975, comporte 10 îles assez différentes les unes des autres. Le climat y est tropical (vu la position géographique) mais il n'y pleut que rarement. La plupart des îles sont donc très sèches. Nous n'en avons visité que deux :
- Sao Vicente, avec la ville de Mindelo, est la capitale du commerce (intéressant pour l'approvisionnement du bateau) et des arts. C'est son seul intérêt car elle est complètement sèche et toute l'eau de la ville, et la plupart de celle de l'île, provient de l'usine de désalinisation. C'est aussi un des seuls ports d'entrée possible (pour les formalités douanières) de l'archipel et la raison de notre escale ici.
- Santo Antao est beaucoup plus intéressante à visiter. C'est une île volcanique avec une crête, culminant à 2000 m, orientée est / ouest sur laquelle il pleut durant les mois d'août et septembre. Le climat y est désertique sauf dans les vallées des cotes nord et ouest, où existent des sources permanentes. Le climat et la végétation sont donc très contrastés : désert volcanique de montagne (cela ressemble un peu au Hoggar) et luxuriante tropicale contrôlée (tout est jardiné). Le tout entouré d'une mer chaude... C'est un régal pour les yeux et un paradis pour les randonneurs en quête d'exotisme. Nous en avons profité 5 jours. Après avoir fait quelques marches sur la côte nord (où les plages ne sont malheureusement pas baignables pour cause de courants forts), nous avons traversé l'île en bus puis en 4 x 4 (4 heures au travers d'un désert total) pour aller sur la côte ouest (où il n'y a pas de courant mais un magnifique sable volcanique noir sur lequel on se brûle les pieds). Une nouvelle route, en construction, permettra prochainement de s'y rendre plus facilement, mais elle est tout juste commencée.
Un supplice pour parapentistes : du relief (2000 m de dénivelé très bien desservis par la route et les bus collectifs), des paysages magnifiques, des aires de décollages nombreuses, de grandes possibilités d'atterrissages en fond de vallée ou sur les plages, un accueil sympathique et aucune interdiction de vol, mais .... un soleil tropical avec les thermiques associés, un sol de basalte noir avec des falaises de plusieurs centaines de mètres dans des vallées étroites produisant de fortes brises de pente, et, au dessus, l'alisé soufflant en permanence à 60 km/ h (plus l'accélération due au relief)..... Il faudra aller ailleurs pour pouvoir déplier nos ailes !!
Développement :
Les îles du Cap Vert ne font pas beaucoup parler d'elles mais depuis leur indépendance en 1975, elles travaillent réellement à leur développement. Il n'y existe aucun conflit avec les pays voisins, la corruption y est faible et il y a une réelle volonté politique à assurer le développement. Ces points encouragent les dons, et de nombreux programmes d'aides internationaux sont en cours (Europe en tête). Des efforts énormes sont faits sur les infrastructures : nouvelles routes (pavées par des locaux avec du basalte local), l'électricité, le téléphone (fixe et portable) et Internet même dans les endroits les plus reculés et les "services" : la santé (dispensaires dans les villages, vaccinations, campagnes anti sida, anti polio, anti choléra, hôpitaux neufs, ...), l'éducation (écoles partout, bien équipées et élèves tous en uniforme), le sport (il fait partie du quotidien : les enfants font de la gymnastique dans les rues, les mamies font de la marches rapide en groupe, le soir, il y a des terrains de sport plats partout (c'est difficile en pays de montagne), et des matchs, organisés tous les soirs, servent de spectacle et de lieu de rencontre. De plus, tout cela est interconnecté : par exemple, pendant la campagne de vaccination anti polio organisée par les dispensaires, les instituteurs ont reçu une circulaire leur demandant d'en expliquer l'intérêt aux enfants ... Tout cela est très différent de ce que l'on peut voir ailleurs en Afrique. Il est bien agréable de voir un pays réellement en voie de développement.
Langues :
Les îles du Cap Vert ont deux langues officielles : la Portugais et le Créole du Cap Vert. Ce Créole est un dialecte Portugais mais il varie en fait terriblement d'une île à l'autre (et même d'une vallée à l'autre). Il y a donc une multitude de langues, et pour se comprendre les Cap Verdiens utilisent principalement le Portugais. Le Français est un peu parlé par les personnes travaillant pour le tourisme ou par les nombreux émigrés d'Afrique (venant principalement du Sénégal). L'Allemand est assez connu des professionnels car beaucoup de touristes sont originaires de ce pays. L'anglais est un peu connu mais est très rarement proposé spontanément comme langue de communication. Comme nous ne parlons pas Portugais, nous avons utilisé la langue la plus proche que nous connaissions : l'Espagnol (en y ajoutant les formules de salutation et de politesse en Portugais). Cela fonctionne très bien d'autant plus qu'avec leurs divers Créoles, les Cap Verdiens ont l'habitude d'être attentifs aux personnes parlant une langue un peu différente de la leur. Les conversations sont donc très amusantes : nous parlons en Espagnol, nos interlocuteurs répondent en Portugais... et nous nous comprenons très bien.
Frayeur à Mindelo (comme quoi les assurances des bateaux sont très utiles)
Le port de Mindelo ne comporte pas de quai pour les bateaux de plaisance. Il faut dont mouiller (se mettre à l'ancre) face à la ville , devant la plage, dans une zone où la profondeur de l'eau est de 3 à 4 m. La baie est en partie protégée des alisés mais il arrive toutefois qu'il y soufflent encore par moment à plus de 15 Kt (30 Km/h). Après trois jours passés dans la ville , nous avions prévu de prendre le bus pour aller visiter des villages plus à l'intérieur de l'île. Je devais y aller moi aussi mais un problème à régler avec l'assureur de mon bateau m'a finalement retenu sur place. La traversée de l'Atlantique n'était, en effet, pas comprise dans mon contrat initial. Pour pouvoir la réaliser, il fallait que mon assureur m'y autorise et m'indique, par mail, le coût de cette extension. Je devais alors lui envoyer la somme demandée par chèque, par la poste. Ces formalités sont simples mais elles nécessitaient d'être faites rapidement pendant que nous étions à Mindelo où l'accès à Internet et à la poste étaient faciles. De plus, mon assureur m'avait promis sa réponse pour ce matin là. J'étais donc resté au bateau pour bricoler un peu en l'attendant (il y a toujours beaucoup de choses à faire sur un bateau).
Alors que j'étais à l'intérieur, j'ai été alerté par les cris de la personnes assurant nos navettes à terre. Depuis son zodiac, elle m'indiquait que mon ancre avait chassée et que j'étais en train de dériver dans la baie. L'ancre, effectivement, ne tenait plus du tout et, poussé par des rafales à 25 Kt, le bateau avait déjà fait une centaine de mètres au milieu des autres bateaux (sans rien toucher) sans que je ne m'en aperçoive !!. Mettre le moteur en marche pour stopper la dérive, brancher le guindeau (appareil électrique servant à la manoeuvre de l'ancre) et relever l'ancre n'ont pas été long et l'incident n'a eu aucune conséquence. Toutefois, si je n'avais pas eu ce problème d'assurance à régler et si j'étais allé, avec mes équipières, visiter ces villages à l'intérieur de l'île, le bateau aurait probablement traversé la baie, poussé par l'alisé à 25 à 30 Kt (la personne assurant nos navettes n'aurait probablement pas pu l'arrêter avec son seul petit zodiac), jusqu'à s'échouer de l'autre coté sur une côte rocheuse ..... Le voyage se serait peut être alors arrêté là !!!!
Pour la suite, un nouveau mouillage, avec deux ancres l'une derrière l'autre, a été réalisé dans un endroit de la baie moins exposé au vent. Celui là a bien tenu (heureusement car nous nous sommes absentés pendant 5 jours pour aller visiter l'île de Santo Antao).
Réparation du régulateur d'allure (comme quoi les ruptures de matériel ont parfois des conséquences agréables)
Malgré un renfort installé à Madère, la liaison entre le régulateur d'allure ("pilote automatique" mécanique qui fonctionne avec le vent) et le gouvernail du bateau s'est rompue trois jours avant d'arriver aux îles du Cap Vert. Pour être sérieuse et définitive, une nouvelle réparation nécessitait une modification comprenant un nouveau renfort et une soudure importante. Restait à trouver les pièces nécessaires et le poste à souder.
Un soir, alors que nous nous promenions dans la "banlieue" de Mindelo, nous sommes appelés par une personne qui propose de nous vendre des objets divers entreposés dans une sorte de remise / atelier / dépotoir. Rien ne nous intéresse dans ce fatras sauf la présence d'un poste à souder, de morceaux de ferraille et de quelques outils nécessaires à leurs mises en forme (étau, enclume, ...). L'homme ne parle que Portugais (où un des dialectes locaux) mais nous parvenons à prendre rendez vous avec lui pour le lendemain à 17 heures afin de modifier et souder les pièces du régulateur.
Le lendemain, lorsqu'après 20 mn de marche, avec les 15 kg de pièces à souder dans mon sac à dos, j'arrive à la remise, à l'heure dite, il n'y a personne. Je m'assieds et attends en observant, sur le terrain vague, devant la porte, un petit chevreau d'une heure qui vient de naître, tient tout juste sur ses pattes et essaie de téter sa mère (celle-ci n'est pas encore délivrée). Un papy arrive, il n'est pas concerné par les soudures, n'est au courant de rien, mais, puisque je suis assis devant chez lui, m'accueille et me fait la conversation. Il ne parle, bien sûr, que Portugais (ou un dialecte) mais il est ouvert et patient, la communication entre nous (lui en Portugais et moi en Espagnol) passe très bien. Il m'explique que les chèvres sont à lui, qu'il a aussi des poules, un chien, des chats (il propose de me donner un chaton), que la maison lui appartient, qu'il a planté lui même l'arbre énorme sous lequel nous nous trouvons, il y a 40 ans, ... Je lui explique d'où je viens, le voyage que je suis en train de faire,ce que je fais ici, .... Cela dure un bon moment et le soudeur fini par arriver. Ce n'est bien sûr, par un soudeur professionnel. Il s'agit, en fait, d'un travailleur à la journée qui loue ses services sur le port (et justement, il y avait du travail aujourd'hui). C'est un bricoleur du dimanche qui ne soude et ne travaille chez lui qu'en complément, et c'est la première fois qu'il travaille pour un touriste (ceux ci ne s'aventurent généralement pas dans ce quartier assez douteux). Il examine mes pièces et semble bien comprendre ce que je veux. Il y a toutefois un problème car l'homme ne sait pas bien qui je suis et hésite à brancher, devant moi, l'électricité de son atelier, en pirate, directement sur les fils de la ligne électrique qui passe au dessus. Après avoir essayé, sans succès, pendant une demi heure un autre moyen, avec des rallonges, depuis chez les voisins, il fini toutefois par le faire..... Le travail avance ensuite très vite. Bien que son masque de soudeur se réduisent à un petit morceau de verre fumé, il soude bien et comprends facilement les modifications que je lui indique. Je lui sert d'assistant et, en une heure (pour une somme équivalente à moins de 12 Euros), les pièces sont modifiées et soudées exactement comme je le désirais. Nous nous quittons en très bon terme et il m'invite à revenir manger avec sa famille le lendemain soir. Je fournirai le riz et la bière, lui, le poisson.
La chaleur, l'ambiance africaine, les chèvres et les poules entre nos pieds, le grand père, la petite fille qui rentre de l'école avec son uniforme et son cartable, ... ce repas simple, paisible, en plein air, pris avec cette famille de Mindelo, était bien agréable et très loin des problèmes Français ou même mondiaux, dont j'avais connaissance, sur Internet. Cela restera un de mes meilleurs souvenir du Cap Vert.
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Photos de l'étape 5
(Cliquez sur la photo pour l'agrandir)
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