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Les Saintes (Antilles) / Cristobal (Panama)
départ : 15/01/2006
arrivée : 25/01/2006
12 j
 
Photos de l'étape 7 :
durée du séjour :
18 j
 
"Panama" sur Wikipédia (l'encyclopédie libre) Wikipédia l'Encyclopédie Libre

Navigation des Saintes (Antilles) à Cristobal (Panama) : 1226 miles réalisés en 218 heures.

Cette première étape avec mon nouvel équipage ne s'annonçait pas forcément comme une partie de plaisir. La traversée de la mer des Caraïbes sur toute sa largeur représente, en effet, une distance équivalente à la moitié de celle de l'Atlantique. Ce n'est pas, de plus, une traversée facile. Le guide de navigation indique :

"Cela peut être une traversée très éprouvante. Beaucoup de navigateurs chevronnés décrivent la traversée de cette mer comme étant la partie la plus dure de tout leur voyage autour du monde. C'est en général le cas, au plus fort de la saison des alizés (janvier et mars) quand les vents constant d'est "accumulent" la mer dans la partie ouest des Caraïbes"

Bien qu'ayant eu lieu en janvier, cette traversée fut pourtant, agréable, magnifique et pédagogique : Au départ, les alizés étaient relativement calmes (10 à 15 Kt) mais de petits grains réguliers obligeaient à faire quelques manoeuvres de voile (idéal pour s'habituer au bateau). Le régulateur d'allure faisait tout le reste et la lune, encore presque pleine, permettait des quarts bien éclairés et agréables.

Par la suite, progressivement, le vent s'est mis à forcir, obligeant à réduire la surface de voilure puis, le régulateur d'allure s'étant cassé, il a fallu barrer à sa place dans une mer de plus en plus forte (les bulletins météo annonçaient des vagues de 12 à 14 pieds de haut). Notre trajectoire étant la même que celle du vent (nous allions à l'ouest aussi), nous étions rattrapés en permanence par ces vagues d'une force et d'une esthétique magnifique et nous avons passé plusieurs journées à la barre à faire du surf (nous savons maintenant assez bien le faire). Au maximum, le vent dépassait les 40 Kt (75 Km/h), nous n'avions plus sur le mât qu'un tout petit morceau de grande voile (utilisation de la quatrième bande de ris) et la lune n'apparaissait plus guère lors des nuits éclairées seulement par l'écume fluorescente des vagues qui déferlaient autour de nous (superbe à regarder!). Faire du surf, dans l'obscurité, au feeling, est également un exercice que nous avons appris à faire durant ce trajet.

Avec des moyennes de plus de 150 Miles par jour, la traversée s'annonçait courte, le seul problème (mais de taille !) étant de pouvoir gérer les conditions de mer fortes, lors de l'arrivée, quand nous allions venir butter contre la côte, à Panama. Le vent ayant fortement baissé durant la dernière journée, le problème s'est résolu de lui même et la traversée ne nous laisse que des images de vagues magnifiques, de sensations de surf géant et de bons souvenirs.

Comme pour l'Atlantique, nous avions institué un tour de cuisine. Tous les trois jours chacun s'occupe de tout ce qui concerne ce domaine et une saine émulation apparaît très vite pour cuisiner quelque chose de meilleur et de plus original que ne l'ont fait, auparavant, les deux autres personnes. Entre autres choses, nous avons ainsi mangé, au milieu de cette mer pleine de vent et de vagues, des gratins, des quiches, des pizzas, du cake aux olives, du far Breton, des gâteaux de riz, des gâteaux aux pommes, .... Le tout, évidemment cuisiné "maison" (bateau, en fait) et agrémenté de vin Portugais, de rhum Guadeloupéen, de fruits frais, .........

Nous sommes maintenant au "Panama Cristobal yacht club" dans le port de Colomb (extrémité du canal de Panama, coté Atlantique) (09° 20,937 / 79° 54,189) à remplir les formalités nécessaires au passage du canal.

 

Ville de Colomb et préparation de passage du canal de Panama

Aussitôt arrivé à Colomb, nous commençons les formalités d'accès au pays et celles nécessaires pour pouvoir passer le canal. Pour 20 Dollars (la monnaie Panaméenne a été abandonnée au profit du Dollar US. C'est maintenant la seule qui ait cours et, bien sûr, la seule que l'on obtient aux distributeurs de billets), un Panaméen nous guide de bureaux en bureaux, d'immeubles en immeubles, d'un bout de la ville à l'autre. Il y a de nombreux formulaires à remplir et de nombreuses copies à fournir. Tout n'est pas gratuit. Le visa coûte 21 $, le droit d'enregistrement pour le canal 70 $, ..... Cela occupe une bonne journée.

Nous en "profitons" pour découvrir la ville de Colomb. C'est un endroit sordide. Depuis le départ des Américains dans les années 80, rien n'est plus entretenu. De nombreux immeubles s'écroulent, les rues ne sont plus qu'une succession de trous, la circulation se fait sans règles et il y a beaucoup d'insécurité. Le Panama Cristobal Yacht Club est séparé de cela par des barbelés, et est en meilleurs état, mais il est situé au milieu du port pétrolier et gazier, entouré par la zone de stockage de conteneurs, et envahis de moustiques. L'environnement n'est donc guère idyllique. Internet y est disponible de 9 h a 16 h (avec souvent la queue), le restaurant est bon et pas cher et il y a de l'eau chaude aux douches (on ne l'utilise toutefois pas à cause de la température extérieure).

Pour la poursuite des formalités du canal, il faut encore qu'un employé vienne au bateau, le lendemain pour le mesurer et vérifier la présence de l'équipement nécessaire pour le passage (entre autre choses, 4 amarres de 38 m minimum (nous les avons louées), une corne de brume, ...).

Ensuite, il faut aller payer dans une banque, le prix du passage. Pour nous, c'est 600 $, mais il faut aussi verser une caution qui sera rendue si le bateau transite selon le planning prévu et ne perturbe pas la circulation dans le canal. Avec celle-ci, il y en a pour 2260 $, mais, quand je veux payer, ma carte Visa Premier, qui a pourtant un plafond mensuel de 7000 Euros, refuse l'autorisation..... Renseignements pris auprès de ma banque (à 3 h puis à 4 h du matin le lendemain, à cause du décalage horaire), j'apprends qu'il y a aussi un plafond hebdomadaire du quart du plafond mensuel.... Comme nous sommes samedi matin, rien ne peut être fait immédiatement pour résoudre le problème et nous perdons deux journées dans l'histoire. Nouvel appel à ma banque, le lundi matin à 5 h : le plafond hebdomadaire a été exceptionnellement augmenté et je peux retourner payer. A 9 h, heure locale, c'est chose faite.

Il faut maintenant encore attendre jusqu'à 18 h pour pouvoir appeler le régulateur du canal pour savoir quel jour aura lieu le transit. La réponse est une mauvaise nouvelle : il y a deux semaines d'attente et nous ne pourrons pas passer avant le 14/02 !!!!. Vu l'environnement dans lequel nous nous trouvons, nous décidons d'aller passer ce temps d'attente ailleurs. Notre choix se porte sur les îles San Blas, qui sont située sur la cote Panaméenne, à 75 miles à l'est de Colomb. Après une journée passée à faire les courses et les pleins, nous quittons cette ville.

 

Navigation de Colomb aux îles San Blas : 90 miles réalisés en 20 heures (avec un mouillage au milieu).

Au départ, la houle est très forte, le vent est de face et nous devons tirer des bords. Lors d'un virement, à proximité d'une balise, nous nous retrouvons sans gouvernail suite à la rupture de la transmission de la barre à roue. Nous avons évidement une barre franche de secours (entraînement direct du gouvernail par une barre en bois), mais, le temps de la sortir de la soute et de la monter, nous frôlons à deux reprise (à quelques cm) la balise et probablement aussi l'épave qu'elle matérialise..... Le démontage, le soir au mouillage, montre que le maillon rapide de la chaîne d'entraînement s'est ouvert. Nous le supprimons et le remplaçons par une vis qui assurera dorénavant sa fonction.

A l'arrivée à la première des îles San Blas, la nuit est en train de tomber. Pour rejoindre le mouillage, la carte indique qu'il faut utiliser une passe assez étroite. Nous nous plaçons à l'endroit indiqué, avançons doucement mais la profondeur diminue rapidement et nous devons faire demi tour. Nous essayons deux autres fois, un peu plus loin, sans plus de succès. Nous décidons alors d'aller mouiller dans un endroit plus facile (d'autant qu'il fait maintenant nuit noire). Nous voyons soudain arriver une lumière. Ce sont deux Américains, qui nous ont vu essayer de passer, et qui viennent, avec une grosse annexe à moteur, pour nous montrer la passe. Nous les suivons avec plaisir. La carte est en fait décalée et la passe se situe plus au nord qu'indiqué. Les deux Américains viennent ensuite passer une partie de la soirée à notre bord.

 

Iles San Blas

Ces îles sont sur le territoire du Panama mais elles appartiennent aux indiens Kunas et ne sont gérées que par eux. Ceux-ci, qui les habitent depuis la nuit des temps, ont réussi à faire valoir leurs droits. Ils sont les seuls à pouvoir y acheter un terrain et les seuls à pouvoir y faire du commerce. En cas de mariage d'un Kunas avec un "étranger", le couple doit quitter le territoire et la propriété reste exclusivement Kunas. Ces indiens vivent de pêche, d'agriculture (principalement noix de coco) et du tourisme (prélèvement d'un droit de mouillage, vente de produits alimentaires et d'artisanat, ...). Les îles sont de véritables décors de cartes postales : minuscules îlots avec cocotiers, sable blanc, eaux transparentes et chaudes, corail, huttes en palmes, pirogues en bois, nombreux poissons, langoustes (1 $ la langouste apportée au bateau en pirogue.....). Elles sont isolées de la mer des caraïbes par une barrière de corail. Une fois celle-ci passée, on navigue entre les îles dans des "canaux" sans houle, dans un décors de rêve. Nous utilisons le bateau pour aller d'île en île, puis, une fois arrivé, l'annexe ou le PMT (Palmes, Masque, Tuba).

Entre autres choses, nous passons deux jours mouillés à proximité d'une épave gisant entre - 1 et - 5 m et possédant une variété et une quantité de poissons incroyables. Comme il y a aussi, à proximité, un beau récif coralien à fleur d'eau, les palmes n'ont guère le temps de sécher ......

Sur le continent, à proximité d'une autre île, une petite rivière (le rio Diablo) se jette dans la mer. Nous la remontons en annexe sur plusieurs Km en traversant des mangroves, des plantations Indiennes et de la forêt équatoriale. Nous pouvons ainsi observer une végétation très différente de celle des îles et de nombreux animaux : singes, oiseaux multicolores (dont des perroquets), lézards qui courent sur l'eau, .....

Plusieurs fois par jour, les Indiens Kunas viennent en pirogue pour nous vendre des langoustes, du poisson, des fruits et surtout des molas : tissus brodés à la main qui constituent la spécialité locale et qui sont assez jolis (nous en retrouveront, dans une galerie d'art, aux îles Galapagos, pour 20 fois le prix que nous les payons ici)

De la "ville" locale nous téléphonons au régulateur de trafic du canal de Panama. Notre passage est avancé de deux jours. Il nous faut retourner à Colomb.

 

Navigation des îles San Blas à Colomb : 80 miles réalisés en 18 heures.

Belle navigation réalisée en grande partie de nuit, avec arrivée au port de Colomb au petit jour. RAS

 

Le canal de Panama.

Après 20 jours d'attente (!!), nous avons enfin pu effectuer la traversée du canal et arriver dans le Pacifique. Premières impressions :

- Le canal de Panama n'est pas un canal ! (voir sa carte dans les photos). Au début (coté Atlantique), c'est une grande baie. Ensuite, il y a une écluse (celle de Gatun) pour monter d'une trentaine de mètres, puis c'est un lac immense d'eau douce (le lac Gatun) avec plein de petites îles, des oiseaux, des crocodiles, des moustiques .... Il y a ensuite une petite partie de quelques kilomètres qui est effectivement un canal, puis une autre écluse (Pedro Miguel) pour redescendre de 15 m, de nouveau un lac (celui de Miraflores), une dernière écluse (Miraflores) pour retourner au niveau de la mer et c'est l'arrivée dans le Pacifique. La partie canalisée est donc très courte et il serait plus juste de parler des lacs de Panama que du canal...

- L'organisation du "canal" laisse beaucoup a désirer. La date du passage change tout le temps (nous avons eu 5 changements), les pilotes ne sont pas a l'heure (une heure et demi de retard, pour notre passage et une heure d'avance, quand mes équipiers avaient traversé avec un autre bateau (pour rendre service et pour s'entraîner, pendant que nous attendions)), les écluses ne sont pas fonctionnelles (on nous indique de nous amarrer aux points numéro 12 et 14, mais la numérotation n'est pas marquée. Il faut que les pilotes comptent les bites d'amarrage pour savoir lesquelles sont les 12 et 14 ! (et, à la fin, ils ne sont pas d'accord entre eux). Les cordes, qui servent a amarrer les petits bateaux sont, pendant une période, tenues à la main par des personnes qui suivent depuis le bord. Elles se prennent souvent dans la maçonnerie des bites d'amarrage alors qu'il serait très simple de modifier celle-ci pour éviter ce problème), .....

- Il n'y a que deux ponts qui traversent le "canal". Il n'y a donc que deux routes pour aller de l'Amérique du Nord à l'Amérique du sud et aucune voie de chemin de fer !!!.

- Nous sommes très content d'être arrivé coté Pacifique et de pouvoir enfin continuer notre voyage. Nous ne nous attarderons donc pas à Panama city et partirons immédiatement.

 

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Photos de l'étape 7



(Cliquez sur la photo pour l'agrandir)

 

 

3 invitées
 
Branchements électriques
 
Colomb - 1
         

   
Colomb - 2  
Colomb - 3
 
Ile 1 (San Blas)
         
   

Ile 2 (San Blas)
 
Ile 3 (San Blas)
  Ile 4 (San Blas)
       

   

Ile 5 (San Blas)  
Indiens Kunas 1
  Indiens Kunas 2
         
   
Kunassettes   Mouillage 1 (San Blas)  
Mouillage 2 (San Blas)
         
   
Pêche au filet
 
Sur le rio Diablo
  Vente de molas
         
     
Carte du canal de Panama Ecluse de Gatun au petit matin
    Diego dans l'écluse de Gatun    
         
   
Sur le lac Gatun 1   Sur le lac Gatun 2   Raccourci sur le lac Gatun
         
   
Pont du centenaire sur la partie canalisée   Déplacements à couple sur le lac Miraflores   Ecluse de Miraflores
         
   
Ouverture sur le Pacifique   Pont des Amériques   Un mola dans le bateau

 

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