Suivante
voir sur Google Earth
Précédente

De Uligan (Maldives)  à  Salalah (Oman)
départ : 18/01/2007
arrivée : 29/01/2007
11 j
 
Photos de l'étape 24 :
durée du séjour :
7 j
 
"Oman" sur Wikipédia (l'encyclopédie libre) Wikipédia l'Encyclopédie Libre

Navigation de Uligan à Salalah : (1278 miles réalisés en 265 heures). L'alizé est au rendez vous (sauf la première nuit) et le bateau avance bien. Les quarts sont assez occupés car le vent tourne beaucoup (du 30° au 100°) et change aussi pas mal d'intensité (de 10 à 30 Kt) ce qui implique de nombreux réglages des voiles.

Abordage : Un matin, à environ 400 miles des cotes Indiennes (les cotes les plus proches à ce moment là), nous voyons, au loin, un bateau qui a une direction opposée à la notre et qui semble avoir une route de collision avec nous. Nous changeons notre cap de 20° sur la gauche, pour l'éviter. Quelques instants plus tard, le bateau semble avoir aussi changé son cap et continue de venir droit sur nous. Après un nouveau virage à gauche de 20°, plus de doute, ce bateau vient bien vers nous. Pêcheurs ? Pirates ? Pêcheurs/Pirates ? "Met le moteur en marche" me dit Yves, on ne sait jamais ..... Trois ou quatre hommes sont sur le pont du bateau. Celui-ci est plus rapide que nous et se rapproche de plus en plus. Un des hommes fait des signes : il semble qu'il demande des cigarettes. Les pêcheurs peuvent faire cela mais les pirates aussi (c'est un moyen pour pouvoir observer de près le bateau et surtout, ses occupants).....Que faire ? Le bateau est clairement un bateau de pêche mais les pêcheurs arrondissent parfois leurs fins de mois avec des actes de piratage .... L'homme demande maintenant clairement des cigarettes et semble proposer un poisson en échange. Le bateau est, de toutes façons, plus rapide que nous. Nous nous laissons approcher et Yves descend chercher des cigarettes (nous ne fumons pas mais nous en avons toujours pour offrir en cas de besoin). Yves remonte avec les cigarettes. Le bateau est maintenant à notre hauteur. Il y a 5 hommes à bord. Le poisson proposé est une magnifique dorade coryphène. Les homme crient "BEER, BEER !" en faisant signe de boire. Yves redescend chercher 5 bières...... Le bateau vient à proximité de nous mais il y a pas mal de vague et il parait difficile de se mettre à couple. Nous mettons les bières et les cigarettes dans un sac plastic que nous réussissons à lancer à leur bord. Les occupants du bateau paraissent très contents. Ce ne sont manifestement pas des pirates mais de pauvres pêcheurs Indiens (à 5 sur ce petit bateau, avec le poisson pêché cela ne doit vraiment pas être confortable, d'autant qu'aussi loin des cotes, ils ne doivent pas rentrer souvent chez eux). Ils veulent maintenant nous donner la dorade en échange. Yves lance notre ligne de pêche à leur bord en leur indiquant de la crocher au bout mais c'est trop tard, le bateau est déjà tout près de nous et la dorade nous est tendue à la main. Je l'attrape sans problème. L'échange est équitable, la rencontre agréable et tout le monde est content. Malheureusement, le bateau, qui a été déporté par une vague, s'appuie maintenant sur notre bouée fer à cheval. Le pilote ralenti et veut se laisser glisser derrière nous. La bouée grogne, se tasse, recule vers l'arrière. La proue du bateau appuie maintenant sur les tubes de la capote (qui supportent aussi les panneaux solaires). Tout va très vite. La proue continue de tourner et se dirige vers le régulateur d'allure (qui est une pièce très fragile)..... Je suis à la barre mais je ne peux rien faire pour éloigner mon arrière...... la proue appuie sur la pale aérienne du régulateur ..... qui tourne et s'efface ..... Le bateau est maintenant à 10 mètres derrière nous et les hommes, qui n'ont probablement rien vu de tout cela, continuent de nous faire de grands gestes de remerciement. Nous y répondons, puis allons constater les dégâts. Le support de la bouée est arraché, la capote penche d'un coté et le régulateur... n'a rien. Un doute important concerne les panneaux solaires. Ils sont fixés sur les tubes de la capote et ont bougé avec eux en se vrillant un peu. Ils sont physiquement intègres mais fonctionnent-ils toujours ? La charge qu'ils procurent est nulle mais le soleil, en ce moment, est voilé par les nuages .... Il nous faudra une bonne journée pour savoir qu'ils fonctionnent toujours ! (Heureusement !, c'est notre moyen de production d'électricité principal). Que d'émotions ! Ils ne nous reste plus qu'à réparer ce qui peut l'être et .... à cuisiner la daurade coryphène (délicieuse).

Nous approchons d'Oman et notre heure estimée d'arrivée est 11 heure du soir. Comme il n'est pas souhaitable d'arriver de nuit dans un port inconnu, nous passons la dernière journée à freiner avec l'idée d'arriver au petit matin. Mal nous en prend, car le vent, qui avait toujours été bien présent jusque là, nous abandonne totalement pendant la nuit et nous nous retrouvons, le matin, à encore 40 miles de Salalah....

Encore un bateau : Le vent revient, mais un bateau nous appelle par radio. C'est un bateau scientifique qui fait des études de sismicité dans la région et qui traîne pour cela, derrière lui, un câble de 10 km de long. Il nous indique de changer notre route et de rester, à minima à 12 Km de lui. Nous mettons notre radar en marche (pour pouvoir mesurer la distance), changeons de cap et nous maintenons à 12 Km. Après quelques heures, la zone qui nous est interdite se trouve toujours entre Salalah et nous.... J'appelle le bateau et lui demande comment faire pour aller à Salalah sans gêner ses mesures. Il m'indique que je peux me rapprocher de lui pour le doubler. Je commence la manoeuvre mais il me rappelle au bout d'un moment. Je suis trop lent (je vais pourtant à 6 Kt, qui est une bonne vitesse pour moi, mais il devait penser que j'étais une vedette rapide) et ne pourrai pas passer devant lui. Il faut que je fasse demi tour et passe derrière son câble (de 10 Km de long)! Il me fait le guidage, en m'indiquant en permanence le cap que je dois prendre pour l'éviter. C'est sympathique mais nous perdons quand même pas mal de temps dans la manoeuvre.

Nous finissons par arriver devant le port de Salalah vers 19 heure (heure du Sri Lanka heureusement car ici, il est plus tôt et il fait encore jour). Le port est en plein travaux d'agrandissement. Il y a des grues partout. "Salalah port control", contacté par radio (en Anglais), nous autorise à entrer et à nous ancrer dans le bassin des yachts. Nous suivons le balisage pour entrer puis utilisons le point GPS (issu du guide de navigation de la mer rouge) pour trouver le bassin des yachts. Nous y jetons l'ancre à 20 h 15 (heure locale :18 h 45) dans 5 mètres d'eau, fond de vase (16° 56,16 N/ 54° 00,39 E).

 

Nostalgie : Notre position GPS commence à ne plus avoir le parfum des îles lointaines. A 16° N, nous commençons à nous éloigner de l'équateur et il fait maintenant frais la nuit (plus que 19°, ce soir, avec du vent). Nous n'avions pas connu cela depuis longtemps..... Avec 54° E, il reste moins de 50° à faire pour arriver en France. Sur les 360° du tour du monde, cela ne représente plus grand chose. Les 3 océans (Atlantique, Pacifique et Indien) ont été traversés et il ne reste plus que 2 mers à parcourir .... De plus, pour la première fois depuis Gibraltar (en octobre 2005), il serait maintenant physiquement possible de rentrer à pied par les terres..... Il y a reste certes encore quelques belles étapes à faire et quelques difficultés (pirates, vents contraires du nord de la mer rouge, canal de Suez, tempêtes en Méditerranée, avaries toujours possibles, ....) mais la fin du voyage commence à montrer le bout de son nez ....

 

Oman : L'avantage d'un tour du monde à la voile est qu'on peut visiter des destinations aussi improbables qu'Oman. Quel Européen viendrait en vacances à Oman ? Qu'y a-t-il à y voir ? En fait, Oman a la particularité d'être le pays du golfe Persique qui est le plus arrosé. De par sa position géographique, il est à la limite de la mousson de Sud Ouest et possède donc une petite saison des pluies (en juillet / août). Seuls la bande côtière et les premiers reliefs sont, en fait, arrosés mais les Omanis en sont très fiers. Les documents donnés à l'office du tourisme montrent des cascades qui coulent, de la pluie et des voitures, phares allumés, dans le brouillard ..... A ce moment là, il fait frais (moins de 30° !) et c'est la période du tourisme (de la part des habitants des autres pays du golfe) et des festivals. En février, c'est, par contre, très sec et les Omanis sont désolés pour nous, que nous ne puissions pas voir la pluie (nous, nous n'en sommes pas désolé du tout). Pour le reste, il y a des plages, des déserts, des arbres à encens (qui ont fait la richesse du pays dans l'antiquité), des villes nouvelles et suréquipées grâce aux revenus du pétrole, et l'ambiance des pays Musulmans (mosquées partout et femmes voilées). Cela ne justifie toutefois pas un déplacement jusqu'ici. La seule raison de notre présence à Oman est qu'il s'agit de la dernière escale sure avant le golfe d'Aden et la mer rouge.

Le port de Salalah se trouve à 30 Km de la ville et est assez isolé. Entre le terminal des containers et la cimenterie, au loin, il n'y a pas grand chose à faire par là. Nous allons plusieurs fois à Salalah en taxi. Le prix officiel de la course est 8 Rials (16 Euros !) mais on peut facilement négocier la course pour 2 ou 3 Rials. Au centre ville, les rues, avec leurs quartiers à thème (quartier des tailleurs, des coiffeurs, des vendeurs de téléphones portables, des réparateurs de montres, des vendeurs de tissus, .....) sont assez intéressantes. Les infrastructures sont modernes (seul point noir, aux carrefours, les feux pour piétons ne fonctionnent nulle part) et les immeubles (presques tous très récents et assez semblables) ont une architecture originale. La plage de Salalah, en bordure de ville, est dans un quartier plus ancien et moins riche. On peut y voir des pêcheurs tirants leurs filets avec des 4 x 4 tout neufs, des adolescents jouant au foot, des hommes discutant en groupe, mais pratiquement pas de femmes (et celles qui sont là sont voilées, bien sûr.....). L'Omani est très accueillant. Nous sommes très souvent abordés par des personnes qui nous demandent qui nous sommes, ce que nous faisons là et qui veulent nous aider (sans aucune arrière pensée de commerce). C'est assez agréable.

Avec un Allemand, voyageant sur un autre voilier, nous louons une voiture et allons visiter les alentours de Salalah. Passé la bande côtière, qui est un peu verte (grâce à l'irrigation), et le premier relief, qui a une végétation assez sèche, mais permanente, le reste de la zone est un désert sans autre particularité qu'une route magnifique le traversant (merci le pétrole) et que quelques arbres à encens au début. Il y a aussi, au milieu de nulle part, quelques villages neufs suréquipés, avec des mosquées à chaque coin de rue. Rien de bien terrible donc et nous pouvons voir .... qu'il n'y a rien à voir.

 

Bateau de guerre : Le bâtiment de guerre Français "Aconit" est en escale, pour quelques jours, dans le port de Salalah. Nous croisons certains de ses marins sur le port et ils nous proposent de passer les voir, à bord, le lendemain matin. Nous y allons et, passé le gardien Omani, 100 mètres avant le bateau (qui met beaucoup de temps avant de vouloir nous laisser entrer en contact avec les personnes du bord), sommes très bien accueillis. Nous mangeons à bord (ils ont du camembert !) et visitons une grande partie du bâtiment. C'est un navire furtif et les seuls hublots sont au poste de pilotage. Les 4 moteurs diesels de propulsion sont assez semblables aux diesels de secours des centrales nucléaires. Quand le bateau est en opération, ils consomment environ 20 mètre cube (!!!) de gasoil par jour. En "échange" de la visite, nous leur racontons le tour du monde que nous sommes en train de faire. Nous passons ainsi une très bonne journée (et nous pouvons parler Français, ce qui n'est pas fréquent par ici). Nous obtenons aussi des informations sur les pirates en mer Rouge (il y en aurait assez peu en ce moment). De plus, de nombreux bateaux de guerre patrouillent dans la zone et sont contactables par radio. C'est rassurant pour la suite de notre voyage..

 

Page précédente
* Accueil *
Haut de page

 

Photos de l'étape 24



(Cliquez sur la photo pour l'agrandir)

   

Abordage dans l'océan Indien
 

Arbre à encens

 
Attention Chameau
   

 

   

   

Chameaux
 
Chapeaux Omaniens
 
Coucher de soleil à Oman

 

       

   

Désert Omanien
 
Immeuble classique d'Oman
 
Marché au poisson à Salalah
 
 

   

Mosquée à Oman
 
Port de Salalah
 
Rue de Salalah

 

Page précédente
* Accueil *
Haut de page