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De Salalah (Oman) à Aden (Yémen) départ : 05/02/2007 arrivée : 14/02/2007 9 j Photos de l'étape 25 : durée du séjour : ? j
Navigation de Salalah à Aden : ( 641 miles réalisés en 218 heures).
Escale à Aden : Lors de la préparation du voyage, j'avais choisi Djibouti comme destination, après Salalah, car, vu de la France, le Yemen, bien que plus attirant, me paraissait moins sûr. Vu de plus près, les avis que l'on entend sont un peu différents. De plus, mon assureur, contacté depuis le Sri Lanka et Oman, veut bien m'assurer pour le reste de la mer rouge et du golfe d'Aden (pour 6 semaines maximum toutefois), mais refuse de m'assurer pour les eaux territoriales de Djibouti. La difficulté d'avancer suite à l'absence de vent (voir ci-dessous) et le détour que représente un passage par Djibouti, finiront, pendant le trajet, par faire pencher la balance en faveur d'une escale au Yemen (Aden).
Pirates : 200 Km après le départ de Salalah, nous entrons dans le golfe d'Aden. Sur la cote sud, il y a la Somalie, qui n'a plus de gouvernement central depuis des années et dont les terres et les eaux territoriales sont sous la coupe de petits chefs locaux. Chacun essaie de s'enrichir comme il le peut et, en l'absence d'un état de droit, le piratage est devenu ici une activité comme une autre ....... Sur la cote nord, il y a le Yemen, qui a, lui, un gouvernement central, mais d'assez faible autorité toutefois et incapable, en tous cas, de faire respecter la loi sur l'ensemble de ses eaux territoriales ...... Le golfe d'Aden n'étant pas très larges et ses deux cotes étant peu sures, le transit par cette zone présente des risques de piratage qui sont loins d'être nuls .......
Escadre : Un des moyens pour réduire ceux-ci, quand on veut passer quand même, est de former une escadre de bateaux. Cela change un peu le rapport de force et permet d'appeler plus facilement, par radio, des secours éventuels. Nous avons de la chance car, suite aux récents événements entre la Somalie et l'Ethiopie, des bateaux (dont l'"Aconit", que nous venons de visiter) et des avions, d'une force de coalition internationale, patrouillent dans la zone et sont contactables (parfois ...) par VHF. Nous quittons Salalah avec un voilier Allemand et un voilier Hollandais, qui a déjà voyagé dans la zone plusieurs fois. La stratégie qu'il propose est de rester à moins de 10 miles des cotes Yéménites. La probabilité d'y croiser des pirates y est plus élevée qu'au centre du golfe (route généralement conseillée) mais, en échange, nous restons ainsi dans la zone d'intervention rapide des gardes cote yéménites locaux. Nous adoptons cette solution et préparons le trajet en conséquence. D'après tous les guides de navigation, en cette saison, le courant remonte de golfe d'Aden (jusqu'à 2 Kt) et doit nous permettre de passer plus vite la zone dangereuse. D'après la météo locale, le vent devrait être également favorable. Sur le papier, tout se présente donc assez bien.
Dans la pratique, les choses sont un peu différentes. Les deux autres voiliers sont des "fifties" (propulsion théoriquement assurée à 50 % par le moteur et à 50 % par les voiles) qui n'utilisent leurs voiles que pour aider le moteur (alors que pour ma part, je n'utilise normalement mon moteur que pour les entrées et les sorties de port). Dès la sortie du port de Salalah nous trouvons du vent de face. S'il ne tenait qu'à nous, nous tirerions des bords pour avancer, mais nos compagnons allant tout droit au moteur, nous sommes obligé de faire de même afin de ne pas les perdre. Au bout d'une demi journée, le vent tombe, puis nous rencontrons progressivement du courant de face (environ 1 Kt). Arrêter le moteur, dans ces conditions, signifierait reculer ... Nos compagnons ne le faisant toujours pas, nous sommes bien "obligés" de continuer avec eux. La nuit arrive mais le chef d'escadre ne donne ni consigne, ni points GPS précis à ralier. Chacun progresse donc sur la vitesse optimum de son moteur et sur son propre cap. Au petit matin, la flotille est dispersée sur 12 miles (recensement fait par radio). Nous sommes au milieu et nous nous arrêtons pour attendre le bateau Allemand qui est derrière. Le Hollandais, théoriquement "chef d'escadre", ne ralenti pas et nous le perdons assez vite.... Nous recevons, sur le NAVTEX, les info et prévisions météo données par la station de Jeddah (Arabie Saoudite), qui couvre la mer rouge et le golfe d'Aden. Toutes les 3 heures, Jeddah, avec une belle constance, nous indique que nous avons du vent de S/E de 15 Kt et que la situation ne devrait pas évoluer rapidement. Sur place, malheureusement, nous n'avons pas un souffle d'air. La mer est lisse comme un miroir et malgré ce qu'en disent les "pilot chart" et les guides de navigation, le courant "favorable" est en fait contre nous.... Nous continuons au moteur avec le bateau Allemand qui nous suit maintenant à environ 200 mètres. Dans l'après midi, il y a quelques risées (de face) sous les nuages. Nous arrêtons le moteur et essayons de les uliser avec les voiles. Le voilier Allemand, toujours au moteur, passe devant. A la nuit, nous remettons le moteur en marche, et restons en contact (visuel, radar et VHF) avec lui. Le vent ne venant toujours pas, nous continuons encore une journée et une nuit comme cela. Avec le courant contraire que nous avons, malgré la propulsion au moteur, notre vitesse réelle reste faible (environ 3 Kt) et notre réserve de gas-oil diminue progressivement. La moitié des 250 litres que nous avons à bord a été utilisée et nous sommes encore très loin du but. Impossible de continuer comme cela jusqu'au bout (sans parler de l'inconfort du bruit). Il serait possible de se détourner pour refaire le plein à Al Mukalla mais l'autre voilier ne veut pas s'arrêter. Quitte à terminer le parcours seul, nous préférons le laisser partir tout de suite. Nous repassons à la voile dans un vent presque nul, ne permettant même pas de compenser l'effet du courant contraire. Nous voila donc seul ........ Le convoi n'aura même pas duré jusqu'à la zone la plus dangereuse mais il nous aura "coûté" 57 heures de fonctionnement moteur en 4 jours, soit la même durée que celle que nous avons faite pendant les 4 derniers mois, entre le détroit de Torres (Adolphus island) et Salalah !!
Jeddah annonce maintenant un forcissement du vent. Nous n'en voyons toujours guère mais le courant contraire a un peu diminué et, au moins, nous ne reculons plus. Nous restons encore 1,5 jours sans vent puis nous finissons par en recevoir un peu de l'arrière. Le bateau avance enfin mais le courant est revenu. Nous rencontrons de nombreux pêcheurs (voir le paragraphe suivant) qui viennent rompre notre solitude. Notre vitesse réelle reste faible et nous arrivons maintenant dans la zone de piratage la plus importante..... Devant l'absence de réponse des garde cote Yeménite aux essais d'appel par VHF, nous changeons notre stratégie et nous nous éloignons de la cote (à environ 40 miles) afin d'être moins repérable. Nous transitons pendant 2 jours, à petite vitesse, dans la zone, sans voir d'autres bateaux que des porte-containeurs et des pétroliers. Le courant fini par s'inverser (pourquoi ?), le vent par forcir un peu et les deux derniers jours de navigation sont enfin acceptables ..... jusqu'à ce que le vent nous abandonne juste devant Aden. Nous rentrons au port au moteur et mouillons, dans 5 m d'eau, à proximité du quai (12° 47,53 N/ 44° 58,94 E). Notre vitesse moyenne sur cette étape n'aura été que de 2,9 miles à l'heure. Cest moins que celle d'un pièton !!
Pêcheurs : Durant le trajet, pendant toute la période où nous nous trouvons à moins de 25 miles de cotes, nous voyons passer de nombreux pêcheurs. Leurs barques en bois effilées, propulsées par un ou deux gros moteurs hors bord, vont très vite et ont la proue qui se lève haut sur l'eau. Sur ce promontoir, un homme debout assure la surveillance. C'est très estétique et impressionnant. Lors des départs en pêche, ils se contentent de nous saluer de loin, mais quand ils reviennent, quelques heures plus tard, nombreux sont ceux qui font un détour pour venir nous voir. Avec leurs visages masqués par des cagoules en laine, ils sont très impressionnant quand ils arrivent sur nous à grande vitesse mais ce ne sont pas des pirates (maintenant nous le savons, mais lors des premières rencontres avec eux, nous n'en menions pas large). Ils viennent pour discuter un peu (avec 3 mots d'Anglais) et surtout demander des cigarettes, de l'eau ou à manger. Ce sont de pauvres gens à qui nous donnons généralement ce qu'il demande et qui nous proposent, en échange, des poissons de bien plus grande valeur. Ils s'inquiète aussi de savoir si nous avons vu des dauphins car ces animaux font fuir le poisson de toute la zone et ruinent leurs pêches. Ces rencontres sont agréables et elles permettent, de plus, de nous approvisionner en poissons.
Vie marine : Le golfe d'Aden est un véritable bouillon de culture. L'eau est pleine d'une foule de micro organismes et d'algues (que nous pouvons bien admirer vu notre très faible vitesse). Les poissons, qui s'en régalent, sautent de partout et les dauphins, qui ne manquent pas de nourriture, sont trois fois plus gros que ceux de l'océan Indien.
La bioluminescence est exceptionnelle. Tout ce qui bouge, la nuit, dans l'eau, s'éclaire. La vague d'étrave et le sillage du bateau deviennent lumineux. Les dauphins, qui ne nous approchent que la nuit, sont visible mieux que s'ils venaient en plein jour. On peut suivre leurs mouvements très loin du bateau (une nuit, Yves en a compté plus de quarante qui tournaient autour de nous). De près, on distingue leurs formes avec beaucoup de précisions. Comme on peut voir aussi les poissons qui bougent (moins bien que les dauphins toutefois), on arrive parfois à voir les dauphins qui les attrapent (en pleine nuit noire, sans lune et à plusieurs mètres sous l'eau !!!!). C'est passionnant à observer et cela occupe agréablement une partie de nos quarts.
Dans certaines zones, l'eau est recouverte d'algues de surface d'un beau vert clair (je ne sais pas pour la mer rouge, mais l'eau du golfe d'Aden est principalement de couleur verte). La nuit, elles produisent une luminescence verdâtre dépassant tout ce que nous avons pu voir jusque là. La moindre ride sur l'eau s'éclaire et la mer, tout autour de nous, n'est qu'un gigantesque miroitement. C'est magnifique et assez surréaliste (on se demande vraiment sur quoi on navigue). Le mauvais coté de la chose est que l'on n'arrive pas à voir les feux des autres bateaux (les portes conteneurs et les pétroliers passent ici aussi) au milieu de tout cela. Le radar, heureusement, ne se laisse pas perturber par ce tapis de lumière.
Aden : Après avoir patienté, à quelques miles, une partie de la nuit, nous arrivons au petit matin. Un gros volcan (éteint), sur une presqu'île enfermant une baie, domine tout le paysage. Nous en faisons le tour pour entrer dans le port naturel constitué par la baie. La ville a été construite, sur la presqu'île, sur les parties utilisables laissées par le volcan et les maisons montent haut sur les pentes arides. Quatre quartiers, séparés par des arêtes du volcan sont ainsi naturellement constitués : Tawahi (où se trouve le mouillage), Crater (le quartier le plus commerçant), Ma'ala et Khormaksar (2 quartiers plus modernes).
Les formalités d'entrée sont rapides et gratuites. En échange de nos passeports, on nous remet un laisser passer permettant de visiter Aden à condition de passer toutes les nuits sur le bateau. Pour pouvoir aller visiter plus loin dans le Yemen, il faudrait prendre un visa (c'est facile mais payant). Nous ne le faisons pas (à regret) car notre planning dans le golfe d'Aden et en mer rouge est tendu. Mon assureur ne m'accorde que 6 semaines de navigations dans ces régions et nous sommes encore loin de Suez .........
Argent : Comme nous n'avons pas d'argent local (Rial Yemenite) nous allons à un distributeur de billet à Ma'ala. Celui-ci délivre des dollars US !!. Cela tombe bien car il nous en faudra pour la suite de notre parcours et il était prévu d'en acquérir ici. Il nous faut toutefois maintenant aller chez un changeur pour obtenir des Rials. Sur un simple comptoir, à 3 mètre d'une porte ouverte sur la rue, se trouve un énorme tas de billets de 1000 Rials. A vue de nez, il y en a au moins pour 10 000 Euros. Probablement plus. Un homme les met dans deux grands sacs plastiques transparents, sort et s'en va, seul, à pied, tranquillement par le trottoir ..... Il ne doit pas y avoir beaucoup de vol dans cette ville !
Pour aller d'un quartier à l'autre, nous utilisons les taxis collectifs (minibus d'une dizaine de place). C'est facile, rapide (départ presque immédiat) et pas cher (environ 20 centimes d'Euros pour aller d'un bout à l'autre de la ville). Nous passons ainsi pas mal de temps à Crater, qui est un quartier ancien et dont le centre commerçant est constitué d'un entrelas de rues et ruelles bordées de boutiques minuscules placées cotes à cotes. Les horaires d'ouverture prennent ici en compte une période de repos pendant les heures chaudes de la journée (de 12 à 15 h en général) et parfois aussi l'heure de la prière (le pays est entièrement Musulman). En échange, tout est ouvert le soir jusqu'à 22 ou 23 heures. Aden est donc une ville nocturne et nous passons nos soirées à flâner dans les quartiers commerçants et sur les marchés.
Le Quat : Le marché qui retient le plus notre attention est celui du Quat. Cette plante est un arbuste dont les feuilles contiennent une drogue douce. Si on les mâche longuement (les consommateurs de Quat les gardent dans leurs joues), la drogue se libère et, d'après ce que l'on nous en a dit, on a l'impression de mieux comprendre les choses et d'être plus heureux. La plupart des Yéménites consomment cette plante et les heures de repos du début d'après midi sont souvent réservées à cela. On consomme dans la rue, sur la plage, par petits groupes. C'est rarement une activité solitaire. Le quat rapproche les gens. A Tawahi, pour le marché nocturne (on consomme aussi beaucoup de Quat le soir), les marchands arrivent avec leurs lits et les installent sur les trottoirs. Ils s' en servent d' étalage, de siège (voire parfois de couchette....) et c'est tout le quartier qui devient une sorte de dortoir dans lequel les acheteurs se promènent ...... C'est très pittoresque.
Femmes : Le Yemen est un pays de forte tradition Musulmane, et les femmes ne sortent dans la rue que voilée et habillée d'une grande robe noire sans forme. Au mieux on peut voir leurs yeux par une fente du tissus mais parfois ils sont aussi masqués .... Rien a voir donc, que des "sacs" noirs, tous identiques, qui se déplacent (comment font les enfants pour reconnaître leur mère ?). A la maison, il doit toutefois en être autrement car les boutiques, en ville, visitées par de nombreux "sacs" noirs, regorgent de tissus multicolores, de robes très peu sages et de sous vêtements affriolants ...... Mais cela ne fait pas partie de la vie publique.
Contacts : Il y a assez peu de touristes à Aden et nous ne passons pas inaperçus. Les enfants nous apostrophent avec des grands : " How are you" ou "What's your name". Il ne comprennent pas forcément les réponses (car ils ne parlent qu'Arabe) mais ils viennent généralement nous serrer la main. Les adultes aussi cherchent le contact et ceux qui parlent deux mots d'Anglais nous souhaitent la bienvenue à Aden et nous demandent notre nationalité. Les Français sont appréciés ici. Tout le monde nous parle de Zidane (parfois aussi de Chirac) et des équipes de foot Françaises. Souvent, on nous demande si nous avons besoin d'aide pour quelque chose, voire même on nous invite à partager un repas ... C'est bien agréable. Il y a une université à Aden et nous rencontrons aussi des étudiants en Français et en Anglais qui aiment parler avec des étranger. Nous passons ainsi pas mal de temps à discuter ou a visiter la ville avec eux. Aden est une ville où on se sent bien. Les gens sont cordiaux, désintéressés (cela change du Sri Lanka où tout le monde voulait se faire payer en tant que guide) et on ne sent aucune insécurité dans les rues.
Aden est une ville culturelle. Après Galle et Salalah, où on ne trouvait aucun livre, il est agréable de revoir des librairies et des bibliothèques (même si la plupart des livres sont en Arabe). Il est aussi agréable de trouver de la presse (en Anglais) qui semble assez libre et se permet de critiquer les actions du gouvernement.
Aden est une étape bon marché : formalités, port et eau gratuits, Gasoil à 0,4 Euros le litre, repas au restaurant pour moins de 2 $ .....
Aden est belle et pittoresque.
Aden vaut vraiment le détour.
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Photos de l'étape 25
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