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De Aden (Yémen)  à  Souakin (Soudan) par Massawa (Erythrée)
départ : 20/02/2007
arrivée : 06/03/2007
8 j
 
Photos de l'étape 26 :
durée du séjour :
9 j
 
"Erythrée" sur Wikipédia (l'encyclopédie libre) Wikipédia l'Encyclopédie Libre
"Soudan" sur Wikipédia (l'encyclopédie libre) Wikipédia l'Encyclopédie Libre

Navigation d'Aden (Yemen) à Massawa (Erythrée) : ( 421 miles réalisés en 94 heures).

Le détroit de Bab el mandeb (porte des lamentations, en Arabe), qui relie le golfe d'Aden à la mer rouge, est de sinistre réputation. Le vent et le courant s'accélèrent dans ce passage étroit et créent des conditions de navigations difficiles (d'où son nom). Afin de pouvoir le passer de jour, nous partons d'Aden à la tombée de la nuit. Le lendemain matin, le vent souffle déjà à 20 Kt alors que nous nous engageons entre le rail montant et la côte (le trafic commercial, très intense par ici, a été séparé en 2 rails de navigation : un montant et un descendant). Il forcit ensuite progressivement (nous réduisons la voilure en conséquence) jusqu'à atteindre 50 Kt (90 Km/h). Nous sommes alors, plein vent arrière, sous grand voile seule au 4ème ris et nous nous maintenons à 0,5 miles du bord du rail. La mer grossi également et de jolies vagues de 3 à 4 m de haut déferlent un peu partout autour de nous. Le spectacle est superbe.

Le régulateur d'allure souffre dans ces conditions trop difficiles pour lui et nous sommes obligés de reprendre la barre en manuel. Nous restons ainsi toute la nuit. La bio luminescence est un peu moins forte ici que dans le golfe d'Aden mais les déferlantes, par leurs violences, s'éclairent comme en plein jour. Nous naviguons donc sur une mer très lumineuse, magnifique à observer, mais où il serait très difficile de voir les feux d'un navire. Heureusement qu'ils restent (nous l'espèrons) dans le rail prévu pour eux, à 0,5 miles de nous .....

Au petit matin, nous avons déjà dépassé les îles Hanish. Lors de la préparation de l'étape, j'avais prévu de passer entre elles, mais, en pleine nuit, et dans les conditions de mer que nous avons eues, il n'était pas envisageable de s'y engager (d'autant que la cartographie de la mer rouge est assez imprécise). Nous avons donc dû improviser une route le long de la cote Est. Maintenant qu'il fait jour, nous pouvons couper la mer rouge (et les 2 rails) pour prendre la direction de Massawa. Le vent a un peu baissé (35 Kt toutefois encore) mais la mer est toujours forte. Nous prenons maintenant les vagues par le travers à 45°. Le bateau prend parfois des inclinaisons très importantes au passage de déferlantes mais se comporte bien. Le vent et la mer se calment progressivement lorsque nous arrivons à proximité de la côte ouest de la mer rouge et nous passons les 2 jours suivants à nous traîner dans des vents faibles, sur une mer plate, alors que nous nous faufilons entre les îles Dahlak et la terre. Nous arrivons à Massawa en fin d'après midi et nous mouillons dans le port (15° 36,71 N/ 39° 27,80 E) par 8 m d'eau, fond de vase. Nous sommes en Afrique.

 

Massawa (Erythrée) : Lorsque l'Erythrée et l'Ethiopie ne formaient qu'un seul pays, Massawa était le principal port et, à ce titre, bénéficiait d'un commerce florissant. Depuis la guerre de sécession, la frontière entre ces deux pays est fermée et tout le commerce Ethiopien a été détourné sur Djibouti. Très peu de marchandises passent encore par Massawa et les installations portuaires neuves, mises en place après la guerre, sont très peu utilisées. La ville vivote donc dans l'espèrance de jours meilleurs.

Formalités : A l'arrivée, l'immigration nous remet facilement un laisser passer, pour aller à terre, valable deux jours mais, comme nous voulons rester plus longtemps et, surtout, comme nous voulons aller à Asmara (la capitale), il nous faut un visa. Un contrôle des change étant en place dans le pays, la douane (dans un autre bureau) nous remet un document qui indique combien nous avons de devises étrangères et qui nous permet d'en changer en banque. Pour obtenir le visa, le passage dans 6 bureaux différents est nécessaire et il faut fournir une photo, 12 Nakfa (monnaie locale dont l'obtention nécessite le papier de la douane et le passage dans 2 banques (la première ne changeait pas les devises)), et 40 $ US par personne. Comme ce n'est pas encore suffisant, pour ce pays officiellement toujours en guerre (les combats ont cessés il y a plusieurs années mais la paix n'a toujours pas été signée), il nous faut aussi une autorisation de déplacement indiquant le lieu de destination, le moyen de transport utilisé, la durée du séjour et la date des déplacements. Ce document nécessite encore le passage dans deux autres bureaux. Tout cela est un vrai jeu de piste (les bureaux sont répartis entre le port et différents quartiers de la ville), au royaume du papier carbone et des documents recto verso en 3 exemplaires, dont la règle, non connue au départ, ne se découvre que progressivement par essais et erreurs. Tout cela peut paraître rébarbatif, mais, en fait, c'est assez amusant, et c'est un bon moyen pour découvrir le pays et la manière dont il fonctionne......

Ecritures : La principale langue du pays est le Tigrinya. C'est une langue sémitique (comme l'Arabe et l'Hebreu) qui s'apparente beaucoup à l'Amarique qui est la principale langue de l'Ethiopie. Elle partage avec lui un système d'écriture syllabique de 260 caractères environ (une lettre spécifique pour "ba", une lettre spécifique pour "be", une lettre spécifique pour "bi", .....). Il ne s'agit pas d'une bizarrerie pour érudit, mais d'un système réellement utilisé tous les jours par les gens du pays (l'apprentissage à l'école ne doit pas en être simple). Pour compliquer encore la vie des gens, l'Arabe est aussi beaucoup employé dans le pays, ainsi que, parfois, l'alphabet que nous utilisons en occident. Tous les documents officiels utilisent les 3 alphabets. La plupart des panneaux ou affiches en utilisent aussi 2 ou 3. C'est vraiment un luxe qui semble inutile pour ce pays qui est l'un des plus pauvre du monde.

 

Asmara, la capitale, est à 100 Km du port de Massawa, à 2500 m d'altitude sur le plateau Africain. Un petit train reliait ces deux villes mais, suite à la guerre, il n'est malheureusement plus en fonctionnement (il est toutefois en cours de réparations). Nous prenons le bus (qui coûte 1,5 Euros par personne). La route, qui vient d'être refaite, est en très bon état. Pour monter jusqu'au plateau, elle serpente dans des paysages arides, pentus et pleins de cailloux, où nous ne voyons que quelques bergers avec des chèvres. En dehors de deux minuscules bourgades, il n'y a rien d'autre sur ce trajet qui est l'artère principale du pays et on comprend qu'il soit l'un des plus pauvres du monde. Il y a aussi 3 barrages militaires où l'armée contrôle que chacun des passagers du bus à bien le droit de se déplacer ce jour là, sur ce trajet là, avec ce moyen de transport là, ..... C'est la guerre ..... Asmara a été principalement construite pendant la colonisation Italienne au 19 ème et au début du 20 ème siècle. Rien n'a beaucoup changé depuis et comme elle a été épargnée par la guerre, on arrive, dans certains quartiers, à se croire dans l'Italie du début du 20 ème siècle : édifices de style Italien, églises, panneaux en Italien, vieilles Fiats, carrioles tirées par des chevaux, très peu de circulation ..... C'est assez joli, surprenant dans l'environnement Africain où nous nous trouvons, et vaut vraiment le déplacement.

Il y a une université à Asmara et nous rencontrons quelques étudiants. Ils parlent tous Anglais car c'est un enseignement obligatoire ici (certains parlent aussi un peu Français car il y a une alliance Française assez active). Il sont obligés de faire un service militaire qui dure ici 4,5 ans pour les garçons comme pour les filles. Un an et demi sous les drapeaux et 3 ans de service civil, à travailler pour l'état, dans sa spécialité, mais sans être payé. Entre la guerre et l'absence de débouchés locaux, tous n'ont qu'une envie : quitter le pays.

 

Navigation de Massawa (Erythrée) à Suakin (Soudan) : ( 429 miles réalisés en 122 heures).

Au sud du 20 ème parallèle, en cette saison, nous devrions avoir le vent avec nous. La météo donnée par Jeddah l'indique mais, dans la pratique, le vent souffle du nord. Le départ se fait dans un "canal" entre le continent et des bancs de corail / îles. Le vent forcit rapidement et nous nous retrouvons, de nuit, dans une mer très formée, à tirer des bords avec 25 Kt de vent contre nous. Ce n'est guère agréable. Dès que nous le pouvons, nous passons de l'autre coté des îles de façon à avoir plus de place pour manoeuvrer d'autant que la cartographie, date ici du 18 ème siècle et que la position, ou même l'existance, des obstacles est très peu sure. Nous ne rencontrons personne dans ces parages (les cargos sont plus au large). Seuls trois groupes de petits dauphins gris et blancs, peu joueurs, mais très nombreux (environ une centaine d'individus) viennent tromper notre solitude. Il doit y avoir du poisson par ici. Nous tirons des bords presque tout le temps et finissons par arriver au port de Suakin, qui est une sorte d'estuaire très étroit s'enfonçant loin dans les terres. Nous mouillons (19° 05,49 N/ 37° 20,29 E) dans 5 m d'eau, fond de sable, à coté d'une île sur laquelle se trouve les ruines d'un ancien centre de transfert d'esclaves. Celui-ci a été pendant longtemps le plus grand de toute la côte Est de l'Afrique et le dernier en fonctionnement au monde (jusqu'en 1945 !!). Il n'en reste heureusement plus grand chose.

 

Suakin : Suakin est une petite bourgade qui n'a comme intérêt (outre les ruines du centre de transfert d'esclaves) que d'être un port d'entrée au Soudan moins encombré et moins cher que Port Soudan. Nous nous y arrêtons pour obtenir un permis de navigation pour les eaux Soudanaises. Nous profitons aussi d'être là pour aller passer une journée, par le bus, à Port Soudan, deuxième plus grande ville du Soudan (2,5 millions d'habitants), qui se trouve à 50 Km de là.

Organisation : Dans un certain nombre de ports, nous sommes obligés d'utiliser les services (payants) d'un agent, qui est un intermédiaire entre les autorités locales et nous. A ce titre, il nous guide dans la réalisation des formalités et propose aussi, en général, un certain nombre de services tel que fourniture d'eau, de gasoil, lavage du linge, .... Sur le papier, c'est une aide mais, dans la pratique, il ne fait généralement pas grand chose sauf nous accompagner de bureaux en bureaux et prélever un pourcentage sur les services qu'il fourni (en plus de sa rémunération forfaitaire obligatoire). Le port de Suakin s'est, par contre, doté d'un agent efficace ayant délégation de tous les services (douane, police, immigration, santé) pour la visite à bord et la réalisation des différents documents. C'est donc la seule personne que nous ayons à rencontrer ici. A notre arrivée, il vient sur le bateau, recueille les informations nécessaires sur un seul document, prend nos passeports et revient deux heures après avec les laisser passer pour aller à terre. C'est tout. Les formalités d'arrivée sont terminées (et c'est aussi simple pour le départ). Il nous fourni aussi, par la même occasion de la monnaie locale (et nous la reprend au même taux, à la fin, s'il nous en reste), prend commande de l'eau et du gasoil dont nous avons besoin (il livre à bord en quelques heures) et repart avec notre linge sale à laver .... C'est extrêmement efficace et pour 25 $ US, ce n'est pas cher (à Galle, l'agent coûtait 120 $ US et ne servait objectivement à rien). Quand on pense au nombre de personnes qui doivent venir à bord dans certains ports (juste pour les formalités), ou au nombre de bureaux ou il nous faut aller, dans d'autres, .... C'est vraiment un exemple d'organisation dont les autres ports devraient s'inspirer.

 

Port Soudan : Le bus qui nous mène à cette ville est plein de Soudanais locaux. Il y a des vieillards avec des cheichs, des djellabas et des bâtons, des femmes dans des voiles roses, oranges, rouges, ou en dentelles noires, un militaire en treillis camouflage et un jeune homme, très beau avec un turban noir, une robe de satin or, une ceinture de cuir et dentelle et une épée au coté, qui descend jusqu'au sol. On a un peu l'impression d'aller à un carnaval .... Où ai-je mis mon costume ?....... La route tire tout droit, dans une plaine désertique, à perte de vue avec juste quelques arbustes de ci de là. Au milieu de rien, une femme demande l'arrêt. Par l'ouverture de son voile orange, on peut voir son visage tatoué de fines bandes vertes verticales. Au loin, on distingue deux ou trois tentes de nomade, quelques chèvres et peut-être un ou deux chameaux. Elle habite là. Le minibus Mitsubichi et la route goudronnée me prouvent que je suis bien au 21 ème siècle mais cette femme, voilée, tatouée, se dirigeant à pied vers sa tente, au milieu de cette plaine déssechée, dans quel siècle vit-elle ?

Nous arrivons en ville. Il y a beaucoup de monde, beaucoup d'activité mais pas de centre ville remarquable. De nombreuses personnes travaillent dans la rue ou sur les trottoirs (vendeurs d'eau, marchands de fruits et légumes, couturiers, cordonniers, .....). On a plus l'impression d'être dans un gros village que dans une ville de 2,5 millions d'habitants. L'ambiance est agréable et les gens accueillants. Nous trouvons, avec difficultés (car nous ne savons pas lire l'Arabe), une boutique Internet où nous pouvons nous connecter. J'arrive à joindre mon assureur et lui indique que j'aurai des difficultés à parcourir le golfe d'Aden et la mer rouge en moins de 6 semaines. Malgré ce qui m'a été dit jusque là (mais je n'ai pas affaire au même correspondant), il semble s'en moquer et me précise quil ne faut pas que je prenne des risques inutiles et que si je mets 7 ou 8 semaines, ce n'est pas grave. C'est une bonne nouvelle.

Electricité : La fourniture d'électricité à Port Soudan n'est pas de bonne qualité et chacun est équipé d'un groupe électrogène pour compenser les nombreuses coupures. Chaque boutique, chaque maison a le sien et ceux-ci sont alignés dans la rue, sur le trottoir. Les gros utilisateurs (banques, ..) en ont un gros qui tourne en permanence (bonjour le bruit), les autres en ont un plus petit qui démarre à la demande. Toute une industrie locale fonctionne autour de cela (fourniture de matériel, entretien, réparations, ...) et occupe énormément de monde. Avec le carburant, cela doit coûter une fortune au pays. Il serait beaucoup plus rentable d'investir dans des moyens de production centralisés, ..... mais cela nécessite des capitaux et c'est un choix politique.

Eau : L'eau semble aussi poser problème dans cette ville. Dans toutes les rues nous voyons des ânes qui tirent des charrettes avec des réservoirs. Vu le nombre, c'est manifestement le système de distribution d'eau potable de la ville .. Là aussi un système centralisé serait plus rentable ..... mais occuperait beaucoup moins de monde ..... C'est aussi un choix politique.

 

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Photos de l'étape 26



(Cliquez sur la photo pour l'agrandir)

   

Ruines de l'hotel de ville de Massawa
 

Ruines de la mosquée de Massawa

 
Massawa 1
   

 

   

   

Massawa 2
 
Bus pour Asmara
 
Auto école à Asmara

 

       
       

   

A Asmara 1
   
Rue d'Asmara 1
 
Erythrée ou Italie ?
 
         

     
   
 
Vue du haut de la cathédrale d'Asmara
 
Cathédrale d'Asmara
     
Dans le clocher de la cathédrale d'Asmara
   

 

   
       

   

Le théatre d'Asmara
   
Rue d'Asmara 3

 

 
Rue d'Asmara 2
   
         
     

   
 
Enfant Erythréen
 
Erythréenne
 
 
A Asmara 2
         

   

Une rue d'Asmara
 
Sur la route d'Asmara 1
 
Sur la route d'Asmara 2
         

   

Passager clandestin (en migration sur la mer rouge)
 

Suakin - Ensemble mosquée, phare et tour de contrôle du port

 
Suakin - Rue principale
   

 

   

   

Suakin - Construction navale
 
Suakin - Sur le marché
 
Suakin - Groupe d'hommes

 

       
       

   

Suakin - Ruines du centre d'esclavage, vues du haut du mat
   
Port Soudan - Service d'eau
 
Sur la route de Port Soudan
 
         

   

Port Soudan - Magasin d'accessoires automobile
 
Port Soudan - Marchandes d'oeufs
 
Port Soudan - Scène de rue 1
         

   

Port Soudan - Scène de rue 2
 

Port Soudan - Scène de rue 3

 
Port Soudan - Cireurs de chaussures

 

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