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De Safaga (Egypte) au Canal de Suez départ : 28/03/2007 arrivée : 31/03/2007 3 j Photos de l'étape 28 : durée du séjour : 8 j
Navigation de Safaga à Suez : (268 miles réalisés en 62 heures). Les prévisions météo indiquent que le vent (toujours du nord ouest) ne devrait pas être trop fort aujourd'hui et qu'il devrait même être presque nul les trois jours suivants. Ce n'est pas le bon vent du Sud dont nous rêvons (mais qui n'existe presque jamais par ici) mais cela constitue quand même un créneau météo suffisant pour aller jusqu'à Suez, ..... si nous utilisons beaucoup le moteur. Nous commençons par une petite étape de jour, de 30 miles, pour aller jusqu'à Marsa Abu Makladiq. Le vent est toujours contre nous mais pas trop fort cette fois (entre 15 et 20 Kt). Nous avançons correctement à la voile et mouillons à 17 h dans l'anse bien protégée de Marsa Abu Makladiq (27° 02,58 N/ 33° 53,96 E). Il y a dix ans, le désert venait jusqu'à la mer et il n'y avait absolument rien par ici. Depuis la venue en masse des touristes à Hourghada et Safaga, tout le littoral de la région se couvre d'hôtels. Trois gros sont en construction dans l'anse. Il y en a aussi d'autres au nord et au sud. Les travaux sont gigantesques (pharaoniques ?) et les chantiers travaillent nuit et jour. Les touristes viendront-ils assez nombreux pour assurer de l'activité à tous ces hôtels ?
Le lendemain matin, conformément aux prévisions météo, le vent a encore un peu faibli et souffle maintenant entre 10 et 15 Kt. Cela donne des conditions de navigation agréables, dont nous nous dépêchons de profiter. Vers midi, il n'y a plus rien et nous continuons au moteur. L'idée est d'avancer au maximum tant que nous pouvons le faire facilement. De plus, si nous continuons ainsi, nous devrions passer la zone la plus étroite du golfe (là ou le courant de marée est le plus fort (jusqu'à 3 Kt !)) avec un courant favorable. Ensuite, nous l'aurons tantôt avec nous, tantôt contre nous et son effet devrait être globalement nul. Vers 1 h du matin, le vent (toujours de face car les montagnes, de chaque coté du golfe de Suez, le canalise) recommence, malheureusement, à forcir. Nous sommes coincés entre le rail de circulation des paquebots et un champ pétrolifère couvert de plate formes. Il y a des torchères et des lumières partout. Nous ne pouvons rien faire d'autre que de continuer au moteur dans une mer qui grossi de plus en plus. Vers 5 heures du matin, nous avons du vent à 30 Kt, de face, des vagues de plusieurs mètres et nous n'avançons presque plus (par moment moins d'un Kt !). Le moteur, qui avait déjà tendance à vibrer à certains régimes, vibre maintenant en permanence. Je n'aime pas du tout le faire souffrir ainsi et il ne faudrait pas que cela dure très longtemps....... Au lever du soleil, nous arrivons à la limite nord du champ de pétrolifère et avons un peu plus de place pour manoeuvrer. Nous repassons à la voile immédiatement avec l'idée de le contourner et de revenir un peu en arrière, jusqu'à un mouillage, pour attendre une accalmie. Après quelques miles, le vent commence à faiblir et nous décidons de continuer en tirant des bords (il faut être à Suez avant la fin du créneau météo). La matinée se passe bien, mais, quand nous voulons remettre le moteur en marche, l'après midi, il ne veut plus s'embrayer ...... La panne est vite détectée : c'est la commande de l'inverseur qui a cassé suite aux vibrations du moteur..... Nous avons heureusement la pièce de rechange à bord et trois heures après, elle est remplacée. Nous remettons le moteur en marche et la nuit tombe lorsque nous arrivons dans une autre zone étroite et encombrée. Le moteur continue de vibrer et je me demande s'il va pouvoir le supporter encore longtempsi .... Mais que faire d'autre ? Autre problème, le radar ne donne plus d'image et indique un défaut dans l'antenne. C'est bien dommage, dans l'environnement encombré dans lequel nous nous trouvons, mais impossible de monter dans le mat maintenant pour aller voir. Nous nous passerons donc de lui. A 7 heures du matin, il y a un très léger vent de travers et nous ne sommes plus qu'à 25 miles de Suez. Si les conditions ne changent pas, nous pouvons y être pour midi. Avec les vibrations, la nouvelle commande de l'inverseur a cassé à son tour durant la nuit et, de nouveau, nous ne pouvons plus embrayer le moteur, depuis l'intérieur du bateau. Cela ne va pas faciliter la manoeuvre d'arrivée.... Le vent de travers forci un peu et nous utilisons les voiles pour soulager un peu le moteur. L'environnement est de plus en plus encombré et étroit. Nous naviguons entre les paquebots en attente et le rail. Un agent (obligatoire ici), nous contacte par radio pour nous proposer ses services pour le passage du canal. N'en connaissant pas d'autre, nous acceptons celui-là. Nous finissons par arriver au yacht club de Suez vers 13 h où nous nous amarrons (29° 56,79 N/ 32° 34,41 E) sur deux bouées (une à l'avant et une à l'arrière) aidé par notre agent. Il y a beaucoup de place autour et, malgré la rupture de commande d'inverseur, la manoeuvre s'est globalement bien passée.
Réparations : Le moteur tourne bien mais on ne peut pas passer les 160 Km du canal en le laissant vibrer comme il le fait. Nous demandons à l'agent de nous trouver un mécanicien. C'est samedi, toutefois, une heure après notre arrivée, le mécanicien est déjà à bord. Il ne parle qu'Arabe mais connaît son métier. Il détecte rapidement qu'il y a un problème au niveau de l'accouplement entre le moteur et l'arbre d'hélice. Les blocs de caoutchouc à l'intérieur de celui-ci sont en charpie. Les doigts d'entraînement, en acier, coté moteur, ont déjà bien attaqué les pièces en aluminium, coté arbre d'hélice.... Au démontage, la cause de ce problème est trouvée : le moteur est placé un demi centimètre trop bas par rapport à l'arbre de transmission (ce qui fait travailler énormément l'accouplement). Les pièces abîmées sont emmenées en ville pour être réparées (il n'y a pas de pièce de rechange neuves par ici). Le lendemain, c'est l'anniversaire de la naissance de Mahomet. C'est l'équivalent de Noël pour les Musulman et personne ne travaille en Egypte. Vers midi, pourtant, le mécanicien et l'agent reviennent avec les pièces réparées (l'accouplement et les deux commandes de l'inverseur) et des blocs de caoutchouc neufs. Le moteur est relevé, pour retrouver son alignement avec l'arbre d'hélice, par réglage sur les silent-blocs, les pièces sont remontées, et, vers 16 heures, tout fonctionne normalement...... La facture s'élève à 175 Euros (7 heures de travail sur place + réparation des pièces à l'extérieur + fourniture de nouveaux blocs de caoutchouc + deux déplacements sur le bateau. Le tout un samedi et un jour férié). Ce n'est pas cher !. Je n'ose pas à imaginer ce que cela aurait pu coûter en France....
Je profite aussi du calme de l'arrêt au port pour monter voir, à mi hauteur du mat, si je peux faire quelque chose à la panne de l'antenne du radar. Là haut, sous le capot en plastique, il y a un peu de mécanique (le dispositif de rotation de l'antenne). Le problème ne vient pas de là car l'antenne tourne normalement quand on met le radar en marche. Sous elle, il y a aussi, dans le boîtier, plusieurs cartes électroniques superposées. Après une heure de démontage, en position pas très confortable, je trouve, sur la carte du dessous, un connecteur qui semble bien mou. Je resserre les pinoches, remonte le matériel, et, une fois redescendu, je mets le radar en marche..... Il fonctionne de nouveau. La panne n'était pas bien grave (mais il fallait la trouver).
Suez : Nous visitons Suez, qui est une ville de 700 000 habitants. Il reste très peu d'immeubles anciens car elle a presque complètement été rasée lors de la guerre des 6 jours en 1967. Le centre ville est donc assez moderne avec des immeubles (forcément récents) d'une dizaine d'étage. Nous restons trois jours dans cette ville, le temps de faire les réparations du moteur, du radar, faire les papiers pour passer le canal et d'avoir un créneau pour avoir le droit de le faire (les petits bateaux ne peuvent pas passer quand la marine Egyptienne fait des manoeuvres dans le canal).
Anniversaire : Il est prévu que des amis viennent me rejoindre en Turquie pour y fêter mes 50 ans, le 29 avril. En particulier, Diego, un de mes ex équipiers, qui est rentré en France pour y acheter son propre bateau, est en route en Méditerranée. Nous communiquons par mail à chacune de nos étapes. Internet est un outil fabuleux. Aucun de nous ne sait où se trouve l'autre à un moment précis mais nous pouvons quand même nous écrire, et suivre ainsi l'avancée de nos deux bateaux. Son dernier mail est de Rhodes, où il est arrivé il y a deux jours. Il est "en avance" sur moi d'autant qu'il n'a pas l'obstacle du canal de Suez à passer..... Les autres amis arrivent par avion le 28 Avril. Il faut que je sois en Turquie suffisamment longtemps avant eux pour voir à quoi ressemble la région d'Antalya, et y trouver un hébergement agréable et bien placé. J'ai consommé presque toute ma marge de manoeuvre avec les calmes du golfe d'Aden, l'étape supplémentaire en Erythrée et la difficulté de progresser face au vent dans le nord de la Mer Rouge. Je ne suis pas en retard actuellement mais je ne peux plus me permettre de "perdre" du temps.
Canal de Suez (De Suez à Ismaïlia : 45 miles en 7 heures) : Vu la longueur totale du canal (162 Km), les petits bateaux ne peuvent pas le passer en un seul jour. Ils sont donc obligé de faire escale, à mi parcours, à Ismaïlia. Pour notre part, nous avons prévu de rester deux jours dans cette ville afin de pouvoir la visiter un peu. Passer le canal nécessite d'avoir un pilote à bord . Celui-ci arrive à 10 heures du matin et nous partons alors que des paquebots arrivent. J'avais lu que le convoi de paquebots partait de Suez à 6 h du matin et que les yachts passaient ensuite.... mais, aujourd'hui, il semble que tout le monde passe en même temps (à moins qu'il ne s'agisse d'un convoi supplémentaire ?). Nous démarrons avec lui, et, chose surprenante, les paquebots vont à notre vitesse (j'avais lu qu'ils transitaient à 9,5 Kt). Nous restons donc avec eux (ce n'est pas très gênant car le canal est large et, vu leurs tirants d'eau, ils nous laissent la place près des bords). Il y a du courant dans le canal, provoqué par la marée qui est différente entre la Méditerranée et la Mer rouge. Il peut atteindre parfois plus de 4 Kt. Aujourd'hui, comme la lune est pleine, il est quasiment à son maximum. Par chance, nous démarrons au moment où il se met dans le bon sens et nous en profitons tout au long du trajet. Nous avançons à 5 Kt sur l'eau (lu sur l'indicateur de vitesse du bateau), mais, à certain moments, avec le courant qui nous pousse, nous faisons jusqu'à 8,5 Kt par rapport à la berge (lu sur le GPS). C'est très appréciable, et utile, car nous avons 45 miles (84 Km) à faire aujourd'hui. Le canal est situé dans une zone désertique, et est bordé (au moins sur un coté) par une haute digue en sable. Sur celle-ci, tous les 500 mètres, il y a des soldats avec des mitrailleuses. Nous sommes donc bien gardés !. En dehors de cela, on ne voit presque rien du paysage depuis le bateau. Seul événement, pour rompre la monotonie du trajet : le passage des 2 lacs amers (le petit et le grand). Ils sont maintenant de grands parkings à paquebots et également une zone de croisement des convois, car le canal, malgré ses 300 mètres de largeur, est à une seule voie de circulation (les gros bateaux ne peuvent pas s'y croiser). Nous arrivons à Ismaïlia, vers 17 h, où nous nous amarrons au quai du Yacht club (30° 35,09 N/ 32° 16,33 E).
Ismaïlia : Nous nous arrêtons dans cette ville pour la visiter et aussi pour ne pas avoir à passer deux jours de suite à avancer au moteur sur le canal (c'est très monotone). Comme dans les autres villes d'Egypte nous ne passons pas inaperçus. Les enfants nous demandent (en Anglais, bien sûr) notre nom, notre nationalité et comment nous allons (ils apprennent à faire cela à l'école). Les adultes sont un peu plus réservés mais le contact est facile d'autant que les Français sont très bien vu ici. Nous passons ainsi, entre autre, la soirée avec deux Egyptiens qui nous font visiter la ville en voiture et nous invitent à manger avec eux. C'est très sympathique et cela permet d'échanger sur de nombreux sujets. Nous parlons de la ville d'Ismailia, du service militaire (1 an, ici, si on est simple soldat ou 3 si on est officier), de la politique étrangère de la France (Jacques Chirac est très apprécié en Egypte), de football (Zidane toujours !), ..... Après une journée passée à Ismailia, nous demandons au responsable du port à partir le lendemain matin et réservons un pilote.... que nous attendons en vain. Le responsable du port nous indique que c'est peut être à cause d'opérations militaires en cours sur le canal (dans ce cas les petits bateaux ne sont pas autorisés à passer). Nous redemandons un pilote pour le jour suivant et ... l'attendons de nouveau en vain. Comme il n'y a jamais d'heure définie à l'avance (le pilote peut arriver entre 6 heure du matin et midi), nous sommes chaque fois obligé de passer la matinée complète sur le bateau à l'attendre, en étant prêt au départ. Le responsable du port n'a pas plus d'explications que la veille sur la non venue du pilote et nous demandons, une nouvelle fois, un pilote pour le lendemain. Nous profitons de l'après midi pour aller visiter le musée d'Ismaïlia (qui est intéressant mais pas bien grand) mais passons surtout beaucoup de temps à nous promener dans les rues. Les horaires d'ouverture des magasins sont, comme à Safaga et Suez, assez surprenants pour nous. L'activité principale se situe entre 16 heures et minuit. Il est ainsi possible d'acheter des timbres à la poste à 11 heure du soir..... En revanche, durant le reste de la journée, la ville vit au ralenti et bien des magasins sont fermés. Le lendemain matin, nous attendons, une fois de plus le pilote.. qui fini par arriver quand nous ne l'espérons plus (à 11 h 30 !). Avec les 78 Km qu'il reste à faire pour rejoindre la Méditerranée, nous ne pourrons pas y arriver avant la nuit.
Anniversaire (suite) : Diego m'indique par mail qu'il quitte Rhodes mais qu'il va s'arrêter dans d'autres ports Turcs avant Antalya. Il est beaucoup plus près que moi de cette ville et peut donc flâner en route. L'objectif est que nous arrivions là bas en même temps, et au moins une semaine avant le 28 Avril.
Canal de Suez (D'Ismaïlia à Port Saïd : 42 miles en 8 heures) : Le pilote nous apprend qu'un porte avion Américain et sa suite de bateaux accompagnateurs étaient dans le canal les deux jours précédents et que c'est pour cette raison que notre passage a été retardé. Ceci peut se comprendre mais pourquoi ne nous a-t-on pas prévenu qu'il était impossible de transiter, ces jours là, quand nous avons demandé un pilote ?. Le passage d'un porte avion est programmé longtemps à l'avance et, sans dévoiler de secrets militaires, il devrait être possible d'indiquer aux petits bateaux les jours où il leur est interdit de passer.
Naviguer sur le canal est toujours aussi monotone. Nous circulons entre deux remblais en sable et ne voyons quasiment rien d'autre qu'eux et les miradors de l'armée. Seuls deux ponts : un tournant, en position ouverte (forcément puisque nous passons) et un fixe, suspendu très haut à deux piliers gigantesques, apportent de la nouveauté au paysage. Sur le canal lui même, nous sommes doublés par un convoi de paquebots circulant, aujourd'hui, au double de notre vitesse. La plupart sont énormes et on se sent vraiment petits quand ils passent à coté de nous. Le canal étant ouvert à la fois sur la Méditerranée et la mer rouge, de nombreux poissons vivent ou transitent par là et, en plein désert, une activité de pêche importante s'est mise en place !. Les pêcheurs jettent leurs filets au milieu du trafic et sont frôlés en permanence par les paquebots. Vu la façon dont ils pratiquent, il doit certainement y avoir des accidents de temps en temps (d'autant qu'ils n'ont le droit de manoeuvrer qu'à la rame). C'est, en tout cas, une activité à risques, mais tout le monde semble s'en accommoder .....
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Photos de l'étape 28
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